Préparer les buttes: Le choix des associations de plantes au potager (inspiré de Hans Wagner / Le poireau préfère les fraises)
1 / L’ASSOCIATION DES PLANTES PAR BUTTE : la préparation !
Les buttes sont prêtes depuis fin mars, elles ont été enrichies de BRF (copeaux de bois) et de compost fin (qui vient directement des Composteurs Lyonnais à proximité), elles seront nourries d’azote par les futures tontes de pelouse de la maison, ainsi que par du purin d’orties. Les pommes de terre ont été plantées, ainsi que des semis de carottes effectués en compagnie des oignons et échalotes. Il est donc temps de mettre en place un minimum d’organisation en anticipant les légumes que je souhaite associer cette année, sur les 7 buttes (4.5mx1.5m) réparties en 2 potagers.
Dans cet article, je vous propose de voir quelles associations je vais tenter dans mes 2 potagers bio (2 buttes pour l’un + 5 buttes pour l’autre). Ces associations seront déterminées à l’aide des conseils de Hans Wagner issus de son ouvrage « Le poireau préfère les fraises », ainsi que toute la littérature trouvée sur internet et sur mon mensuel préféré « l’Ami des jardins » (Avril 2016 « Aménager un potager »).
Le potager de Marcilly dispose de deux buttes de 4.5 m sur 1.5 m et celui de Sainte-Paule de 5 buttes de 5mx1.5m. Les plantations seront presque similaires entre les 2 potagers, l’arrosage tous les 3 jours sur le potager éloigné de 22kms, m’obligera à différencier les légumes selon le critère « rareté de l’eau ». Pour suivre les conseils de mon ami jardinier Jean-Claude, les radis et haricots verts seront privilégiés à proximité de la maison, les légumes racines et choux plus résistants à un arrosage moins fréquent seront positionnés à Sainte Paule à 20mn de route !
2/ UN REMPART AROMATIQUE, DES SOUCIS ET DES ŒILLETS PROTECTEURS.
La littérature est prolixe quant aux bienfaits des effluves aromatiques et des œillets d’inde, ainsi que des soucis et capucines pour protéger les légumes du jardin. Les plantes aromatiques ont un effet positif sur les légumes et doivent être dans tous les potagers. Nous testerons donc cette approche naturelle protectrice.
Pour les buttes, on va disposer plusieurs plantes aromatiques aux 4 coins de la butte, ainsi qu’au cœur des légumes, pour créer une barrière olfactive perturbatrice pour les nuisibles, attirer les pollinisateurs, favoriser la biodiversité et assaisonner nos petits plats! La barrière aromatique sera constituée des plantes suivantes :
- Basilic: est bon compagnon de la tomate (et pas que dans vos assiettes) car il stimule sa croissance, il est supposé repousser les doryphores, les fourmis, la mouche de la carotte, la mouche de l’oignon, la mouches du concombre, les moustiques et certaines bactéries du sol. De plus, il parfume agréablement les jardins.
- Coriandre: est bon compagnon de la carotte. Il est supposé repousser les doryphores, la mouche de la carotte et d’autres insectes.
- Thym commun: est une plante très mellifère. Son compagnon préféré est le chou dont elle éloigne bon nombre de parasites (altyse, piéride, chenilles).
- Persil: est bon compagnon de la carotte et la tomate. On lui prête la capacité de repousser les pucerons et de stimuler la croissance des légumes qui l’accompagnent, en particulier la tomate. Le potager de Sainte Paule en contient en quantité importante qui s’est semé naturellement.
- Verveine Citronnelle : elle embaume le jardin avec ses effluves. La verveine citronnelle, ou verveine odorante (à ne pas confondre avec la verveine officinale), est connue sous de nombreux noms : Lippia citrodora, Lippia triphylla, Verbena citriodora, Aloysia triphylla ou encoe Aloysia citrodora. Elle a sa place aussi bien au potager qu'au jardin d'ornement, car elle forme un petit buisson au feuillage léger et fin (caduc ou semi-persistant selon le climat).De ses feuilles émane un intense parfum frais et citronné, réputé pour éloigner les moustiques, et qui persiste durant près de 2 ans après séchage. On utilise les feuilles de verveine odorante, fraîches ou séchées, en cuisine, en tisanes, et pour la préparation de liqueurs.
- Lavande et Romarin : feront également partie de notre arsenal protection-aromatique. Le romarin est en quantité importante à Sainte Paule, adossé au muret en pierre, il est ainsi à l’abri des vents froids du nord. En 2015/2016 il est resté fleuri tout l’hiver, un régal pour les yeux.
Œillets d’Inde et Soucis
Voilà pour les gardiens de la butte. On va également faire pousser des fleurs sur la butte, fleurs bien connues pour être associées aux tomates ou aux carottes: les œillets d’Inde ou tagète. Ceux-ci seront les protecteurs de la butte grâce à leurs nombreuses propriétés plus ou moins connues. Les œillets sont des assistants jardinier des plus efficaces, ils n’apportent pas seulement de jolies touches de couleur, ils ont plusieurs autres fonctions:
- leurs racines dégagent de la thiophène qui repousse certains vers, les mouches blanches et a un effet inhibiteur sur le chiendent et le liseron.
- leur odeur repousse les pucerons.
- leur odeur attire les syrphes (mouches dont les larves sont gourmandes de pucerons) et les papillons (pollinisateurs).
- selon Hans Wagner ils éloignent les nématodes des racines et prévient la fatigue des sols.
Le souci, beau et bon : à semer partout vu ses qualités :
Semé au soleil ou en mi- ombre, sol ordinaire, drainé, même calcaire, le souci n’est pas difficile. Les cuisiniers l’apprécient comme colorant naturel, il teinte de jaune les sauces et crèmes. Les jeunes feuilles, les boutons et les pétales égayent les salades. De plus, grâce à leurs sécrétions racinaires, les soucis tuent les nématodes et protègent les légumes, notamment les salades.
Concernant les légumes, l’association sur la butte n°1 sera composée de tomates, oignons, carottes et épinards.
Quelques Panais seront semés entre les 2 rangées de carottes et oignons. L’association « tomate + carotte + oignon » semble faire l’unanimité dans la littérature des plantes compagnes, nous testerons donc cette proposition des jardiniers expérimentés.
2/ ANALYSE DE L’ASSOCIATION TOMATE + OIGNON + CAROTTE + EPINARD + PANAIS.
Reprenons les différents critères d’analyse des associations de plantes, décrits dans les articles de la série ‘’Association de plantes ‘’. Etudions la répartition spatiale hors sol et dans le sol.
- Le légume à développement vertical est la tomate (grâce aux tuteurs), c’est notre couche aérienne supérieure, l’oignon et la carotte formeront la couche intermédiaire et l’épinard, légume couvrant formera la couche inférieure, il est moins demandeur de lumière ce qui nous arrange. Nous pouvons donc estimer que nous avons une BONNE RÉPARTITION AÉRIENNE (spatiale hors sol).
- La structure racinaire de la tomate se construit autour d’un pivot qui descend en profondeur (parfois plusieurs mètres) et forment un réseau. La zone la plus nourricière se situe de 30 à 40 cm de profondeur. La carotte crée une racine importante et profonde mais très localisée. L’oignon, excellent allié de nombreux légumes, développe un système racinaire important, précoce et profond. Enfin l’épinard a des racines également profondes.
On peut donc conclure que la répartition spatiale dans le sol n’est pas optimale du point de vue racinaire, mais la perfection n'est pas de ce monde !
- Nous avons la tomate, légume fruit de la famille des Solanacées, l’oignon, légume racine de la famille des liliacées (comme l’ail), la carotte, légume racine de la famille des apiacées, et l’épinard, légume feuille de la famille des chénopodiacées. Le critère DIVERSITÉ est donc atteint.
- L’oignon, cousin de l’ail, doit être planté en février/avril pour une récolte juin/juillet. Les carottes (Nantaise amélioré 3) seront semées début mars/avril pour une récolte en juillet et fin mai pour une récolte fin août.
- Les plants de tomates (démarrés en semis sous serre par mon ami Jean-Claude) seront mis en terre fin mai pour les Marmande et Cœur de Boeuf. Je dispose de plants de Tomates noires plus tardives mais au goût succulent, récupérées à la fête du printemps de Ste Foy les Lyon chez un spécialistes de tomates anciennes (plus de 400 variétés). En espérant avoir des tomates en juillet et en août, voire jusqu’à la fin de l’été. Les épinards seront mis en place en mars pour être récolté fin mai et laissé la place aux carottes et aux tomates, par la suite on en plantera dans les espaces libres au fur et à mesure de l’été jusqu’à l’automne. Les panais et carottes seront récoltés à la fin de l’automne, voire conservés pendant l’hiver. RÉPARTITION TEMPORELLE DES BESOINS: OK !
- Pas d’antagonisme majeur dans cette association (nous avons évité les haricots qui n'aiment pas les oignons, les épinards sur les mêmes rangs que les carottes).
- La carotte repousse la mouche de l’oignon et l’oignon repousse la mouche de la carotte.
- La tomate est une plante fortement allélopathique (1), elle n’est pas neutre dans votre potager. Sa présence est supposée repousser certains nuisibles comme la mouche de la carotte.
- L’oignon est un antibiotique, insectifuge et antifongique, c’est donc un allié de taille contre les ravageurs (pucerons, acariens, nématodes, campagnols, mouche de la carotte, araignées rouges de la tomate) et les maladies liées aux champignons.
- L’épinard est un bon compagnon car peu d’effets allélopathiques lui sont supposé, excepté un effet négatif contre lui-même, ce qui en fait un parfait légume d’intervalle qui couvrira bien le sol, nous évitant des invasions d’herbes. Il contient de la saponine, substance défensive encore peu connue mais dont on suppose des effets répulsifs contre les insectes ou les champignons et des effets rassasiant sur les herbivores.
En conclusion, cette association semble séduisante à priori, excepté le fait que les plants soient tous à racines profondes, reste à la réaliser sur 2 buttes (une par potager) pour en constater les résultats !
Les autres buttes verront les associations suivantes :
- butte n°2 : pois (à écosser), radis, salade
- butte n°3 : poireaux, salade, fraisiers
- butte n°4 : pommes de terre, haricots verts, choux-betteraves, chou-céleri
- butte n°5 : à définir selon les besoins et légumes non encore prévus.
(1) L’allélopathie est l'ensemble de plusieurs interactions biochimiques directes ou indirectes, positives ou négatives, d’une plante sur une autre (micro-organismes inclus) au moyen le plus souvent de métabolites secondaires tels les acides phénoliques, les flavonoïdes, les terpénoïdes et les alcaloïdes. Lorsque ces interactions sont négatives, on parle d'amensalisme.
Ces composés allélochimiques jouent un rôle important dans la compétition aux ressources environnementales que sont l’eau, la lumière et les substances nutritives ; dans l’armement chimique de défense des plantes contre leurs prédateurs, et dans la coopération intra- et interspécifique.
L’incorporation de ces substances allélopathiques dans la gestion de l’agriculture peut réduire l’utilisation d’herbicides, de fongicides et d’insecticides ; aussi diminuer la détérioration de l’environnement.
Après ce mois de mars bien rempli, la suite et les résultats de ces associations, au fil des mois sur ce blog…
A bientôt.
Laurent
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